Un Vicquelot à la bataille de Waterloo

Article du Progrès du Nord du 13 janvier 1877

Un ancien soldat qui a eu son heure de célébrité, Antoine-Joseph Deleau, l’un des derniers survivants de Waterloo, vient de s’éteindre à Vicq, à l’âge de 85 ans.
Deleau, qui faisait partie des carrés de la garde commandés par Cambronne, prétendit que celui-ci prononça la phrase légendaire : La garde meurt et ne se rend pas !
Appelé à Lille dans le cabinet du maréchal de Mac-Mahon, alors commandant du second corps d’armée, Deleau s’exprima en ces termes :
« J’étais à Waterloo dans le carré de la garde au premier rang en raison de ma grande taille ; j’appartenais à la jeune garde n’ayant encore que 25 ans ; mais on sait que la jeune garde avait été appelée à combler les cadres de la vieille. L’artillerie anglaise nous foudroyait et nous répondions à chaque décharge par une fusillade de moins en moins nourrie.
Entre deux décharges, le général anglais nous cria : Grenadiers rendez-vous !
Le général Cambronne répondit : Je l’ai parfaitement entendu, ainsi que tous mes camarades :
La garde meurt et ne se rend pas.
Nous serrâmes le carré et nous ripostâmes avec nos fusils.
Grenadiers rendez-vous, vous serez traités comme les premiers soldats du monde, reprit d’une voix affectée le général anglais. « La garde meurt et ne se rend pas, répondit Cambronne. » Sur toute la ligne les officiers et soldats répétèrent avec lui : La garde meurt et ne se rend pas. Je me souviens parfaitement de l’avoir dit comme les autres. Nous essuyâmes une nouvelle décharge et nous répondîmes par la nôtre. « Rendez-vous grenadiers, rendez-vous » crièrent en masse les Anglais qui nous enveloppaient de tous côtés.
Cambronne répondit à cette dernière sommation par un geste de colère accompagné de paroles que je n’entendis plus, atteint en ce moment d’un boulet qui m’enleva mon bonnet poils et me renversa sur un tas de cadavres.

Un article de Charles Deulin dans Le Monde illustré de 1857.

Décret impérial N°13-362 du Bulletin des Lois de la République Française 6 juillet 1862